Le HAZOP en phase d’ingénierie est bien plus qu’une simple exigence réglementaire. C’est une démarche stratégique qui permet d’identifier, d’analyser et de maîtriser les risques dès les premières étapes d’un projet industriel. Trop souvent relégué au second plan, cet outil d’analyse peut pourtant faire la différence entre un projet fiable et un projet exposé à un risque élevé de défaillance ou de surcoûts.
Dans cet article, nous allons vous expliquer les différentes étapes du HAZOP en phase d’ingénierie, ses variantes, les conséquences de son absence, ainsi que son rôle essentiel dans la gestion des modifications en phase de construction et d’exploitation.
1. Qu’est-ce que le HAZOP en phase d’ingénierie ?
Le HAZOP en phase d’ingénierie (Hazard and Operability Study) est une méthode structurée d’analyse des déviations potentielles dans un procédé industriel. Il repose sur l’examen des schémas PFD ou P&ID par une équipe pluridisciplinaire, en utilisant des mots-clés tels que « plus », « moins », « inverse », etc., pour identifier les défaillances possibles, leurs causes, leurs conséquences et les actions à entreprendre.
Son objectif : anticiper les dangers et les problèmes d’opérabilité dès la phase d’ingénierie, à un moment où les modifications sont encore peu coûteuses.
2. Pourquoi conduire un HAZOP en phase d’ingénierie ?
Ne pas réaliser un HAZOP, c’est prendre le risque de découvrir des erreurs ou des dangers critiques après le démarrage, à un moment où les corrections sont complexes, coûteuses et souvent risquées.
Un HAZOP en phase d’ingénierie permet :
- D’identifier les risques majeurs dès la conception
- D’éviter des choix techniques dangereux
- De limiter les retards de chantier liés à des reprises de conception
- D’optimiser la sécurité et la disponibilité future de l’installation
3. Les différents HAZOP selon la phase de projet
- HAZOP conceptuelle (ou préliminaire)
Réalisée au stade de l’étude de faisabilité ou de l’ingénierie de base, le HAZOP en phase d’ingénierie conceptuelle identifie les risques liés aux grandes lignes du procédé. Il oriente les choix technologiques et permet d’intégrer la sécurité dans la conception.
- HAZOP détaillée
Conduite après la finalisation des P&ID, le HAZOP en phase d’ingénierie détaillée est la plus exhaustive. Il analyse chaque ligne de procédé, chaque vanne, chaque instrument, et permet de vérifier que toutes les protections sont en place pour chaque scénario de déviation.
- HAZOP de pré-démarrage
Avant la mise en service, ce HAZOP post-ingénierie (souvent appelée PSSR) vérifie que les recommandations précédentes ont bien été intégrées et que toutes les conditions de sécurité sont réunies pour un démarrage sûr.
4. Le prix de l’oubli : les conséquences de ne pas faire de HAZOP en phase d’ingénierie
Ne pas conduire de HAZOP en phase d’ingénierie, ou la réaliser de manière superficielle, expose à :
- Des incidents critiques non anticipés
- Des arrêts imprévus de production
- Des coûts de réparation très élevés
- Des sanctions réglementaires ou des atteintes à l’image
Par exemple, une mauvaise disposition de soupapes ou l’absence de détection sur une ligne critique peut entraîner une surpression, voire une explosion, alors que cela aurait pu être identifié par un HAZOP en phase d’ingénierie.
Il est prouvé que chaque euro investi dans un HAZOP en phase d’ingénierie permet d’économiser jusqu’à dix fois plus en coûts de correction post-démarrage.
5. Le HAZOP en cas de modification en phase de construction ou d’exploitation
Même après la phase d’ingénierie, les changements sont fréquents : modifications de design, remplacement d’un équipement, nouvelle stratégie d’exploitation…
Dans ces cas, un HAZOP de modification permet de réévaluer les risques liés à ces changements. Elle est essentielle pour préserver la sécurité et la conformité réglementaire.
6. Le HAZOP dans la procédure de change management
Dans un système de gestion du changement (MoC), le HAZOP en phase d’ingénierie et post-ingénierie constitue le cœur du processus décisionnel. Elle permet :
- D’évaluer les risques avant toute modification
- D’impliquer les bonnes parties prenantes
- De documenter les décisions et les mesures de sécurité
- De garantir la cohérence globale du système de protection
Conclusion : intégrer le HAZOP en phase d’ingénierie, c’est investir dans la réussite
Le HAZOP en phase d’ingénierie n’est pas un luxe ni une formalité. C’est une démarche stratégique qui renforce la sécurité, réduit les coûts imprévus, améliore la fiabilité opérationnelle, et facilite le dialogue entre les parties prenantes du projet.
Pour chaque projet industriel, intégrer le HAZOP en phase d’ingénierie dès les premières étapes est la meilleure assurance contre les surprises coûteuses.
Les méthodes d’analyse des risques sont nombreuses et complémentaires. Chacune a sa place dans les différentes phases d’un projet industriel : de la conception à l’exploitation, en passant par la maintenance ou l’extension d’activités. Le choix de la méthode dépend du type de danger, du niveau de détail recherché, du cadre réglementaire local (comme au Maroc), et de la culture sécurité de l’entreprise.
- Le HAZOP et le HAZID structurent les dangers dès la phase de design,
- l’étude de dangers inscrit le projet dans son environnement réglementaire et territorial,
- les méthodes SIL, LOPA et ATEX assurent un niveau de maîtrise technique et organisationnelle rigoureux,
- tandis que la sécurité incendie et les approches Bow Tie permettent une intégration pratique et pédagogique de la prévention.
Maîtriser ces outils, c’est construire une culture de sécurité durable, capable de protéger les personnes, les biens et l’environnement tout en garantissant la résilience des activités industrielles.
Pour aller plus loin, nous vous invitons à télécharger notre Guide pour savoir si votre activité est assujettie à la méthode HAZOP.
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